Histoire Précolombienne :
L'histoire du Nicaragua précolombienne est peu connue. Il est probable que les premiers habitants paléoindiens occupent le territoire dès 6 000 ans avant JC. Les empreintes pétrifiées dans la boue volcanique des Huellas de Acahualinca à Managua ainsi que d'autres indices archéologiques le laissent supposer. Des peuples d'origine Maya seraient d'une part venus du Mexique et établis sur les berges du lac Nicaragua (les Chorotegas), d'autre part, d'autres groupes venus eux de l'actuelle Colombie se sont établis sur la région Caraïbe (les Lencas).
Au début du xvie siècle plusieurs groupes amérindiens se partagent le pays. Des peuples d'origine Maya seraient d'une part venus du Mexique et établis sur les berges du lac Nicaragua. Ils parlent des dialectes pipils proche du nahuatl, la langue des Aztèques, ce qui suppose une origine mexicaine. Les groupes de la côte Atlantique sont apparentés, par la culture ou les dialectes (proche de la langue Chibcha), des peuples du nord de la Colombie. Dans ces zones côtières du Pacifique et dans les montagnes centrales où les Espagnols se sont installés, la population indigène a été presque complètement anéantie par la propagation rapide de nouvelles maladies, pour lesquelles la population autochtone n'avait aucune immunité et par l'esclavage (exportation des populations dans les mines du Pérou). Mais il subsiste, de nos jours, une importante communauté d’indiens Miskitos (environ 100 000 personnes), principalement sur la côte atlantique du pays.
Augusto Sandino
XXème siècle, dictature et ingérence américaine :
Augusto Sandino et les Somoza :
L'histoire du Nicaragua en tant que nation a été fortement influencée par les interventions militaires des États-Unis, qui y voyaient la possibilité d'y creuser un canal entre l'Atlantique et le Pacifique (toujours d’actualité). Le pays est troublé par des périodes prolongées de dictature militaire, la plus dure étant sans doute le règne de la famille Somoza au début du XXème siècle.
Entre 1927 et 1933, le général Augusto Sandino, d'obédience libérale, mène une guérilla, d'abord contre le gouvernement conservateur, puis contre les forces américaines. Il fait la déclaration devenue célèbre : « Si cent hommes aiment le Nicaragua comme je l’aime, le Nicaragua sera libre ! »
Malgré tout, Somoza est réélu président lors des élections de 1974, mais maintient un pouvoir répressif et perd l'appui d'anciens soutiens : l'oligarchie, les États-Unis et l'Église catholique. Un autre mouvement, plus à gauche, rejoint le courant conservateur dans l'opposition au régime : le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Affaibli, le gouvernement aggrave sa politique de répression avec pour seul résultat la montée de l'opposition dirigée par Pedro Joaquín Chamorro qui fonde alors un parti d'opposition et réclame la démission du président.
La fin de la dictature des Somosa :
Cependant, le 10 janvier 1978, Chamorro est assassiné. Ses funérailles font se déplacer des foules énormes – 30 000 personnes à Managua – et des émeutes éclatent dans le pays. En février 1978, le milieu des affaires se joint à l'opposition, qui organise une grève générale, demande la démission de Somoza et la formation d'un gouvernement de transition. Malgré la répression, les contestataires forment en juillet 1978 un front national, auquel se joint la veuve de Pedro Chamorro, Violeta Barrios de Chamorro. Le 5 juillet 1978, la bourgeoisie antisomoziste fonde le Front élargi d’opposition (FAO) et propose l’installation d’un gouvernement provisoire et la tenue d’élections. En septembre 1978, une grande partie de la population se soulève dans les départements de León, Matagalpa, Chinandega, Estelí, Masaya et Managua, mais la supériorité logistique de la garde nationale de Somoza oblige les troupes à se replier dans les campagnes et les montagnes. L'insurrection est cependant sans cesse nourrie de nouveaux effectifs issus de la population. Peu à peu, les trois tendances du FSLN se rapprochent. La réunification du FSLN est signée en 1979, alors que l'opposition conservatrice se renforce.
La population entame une grève générale qui paralyse le régime. Les villes s'insurgent une seconde fois. Somoza répond par des bombardements massifs. Un journaliste de la chaîne américaine ABC, Bill Stewart, est assassiné par la garde nationale devant les caméras de télévision, ce qui convainc l'opinion publique des États-Unis. Le gouvernement Carter interrompt le soutien à Somoza. Un mois plus tard, en juillet 1979, le dictateur Anastasio Somoza Debayle, dernier de la dynastie des Somoza, démissionne et quitte le pays.
Anastasio Somoza Debayle
Daniel Ortega
La prise de pouvoir du FSLN de Daniel Ortega :
Avec la fin de la dictature, l'histoire du Nicaragua prend un nouveau tournant. Une coalition regroupant les cinq principaux courants anti somozistes prend les commandes du gouvernement : le sandiniste Daniel Ortega, d'obédience marxiste, l'écrivain Sergio Ramírez Mercado, ancien opposant aux Somoza et membre fondateur du groupe d'artistes et d'intellectuels nicaraguayens Les Douze, l'homme d'affaires Alfonso Robelo Callejas, Violeta Barrios de Chamorro, directrice de La Prensa, et Moisses Hassan. L'extrême disparité de cette coalition entraine des conflits continuels et les quatre membres non sandinistes de la coalition dénoncent la mainmise progressive de Daniel Ortega sur les organes du pouvoir, malgré les accords passés entre les différents acteurs du renversement de la dictature somoziste. En avril 1980, par protestation, Violeta Barrios de Chamorro démissionne du gouvernement et, à la tête de La Prensa, dénonce la dérive dictatoriale sandiniste et ses infiltrations dans les rouages du gouvernement.
Soutiens des Contras par les États-Unis :
Face à des adversaires de peu de poids, Daniel Ortega remporte les élections en 1984. Daniel Ortega et les chefs du FSLN peuvent alors mettre en application une série de réformes de type marxiste-léniniste, inspirées de leur programme de 1969, et se rapprochent du bloc de l'Est. Mais les populations locales s'opposent aux projets du président notamment sur la collectivisation des terres ou la conscription obligatoire. La rébellion s'étend, mais sans chef unique, elle reste très disparate. Regroupant tous ceux qui sont contre le gouvernement sandiniste, elle reçoit le nom de Contras.
Les États-Unis, alors dirigés par le président Ronald Reagan, décrètent un embargo et apportent leur aide aux Contras en les entraînant, les armant, les finançant et les approvisionnant à partir de 1982. L'aide aux Contras continuera jusqu'en 1987, après l'éclatement du scandale de l'Irangate. Les affrontements feront 57 000 victimes, dont 29 000 morts (dix ans auparavant, la lutte contre Somoza avait déjà fait 40 000 victimes).
Contras
Violeta Chamorro
Défaite électorale du FSLN et libéralisation de l'économie :
Les élections de 1990 voient la victoire de Violeta Chamorro (54,2 % des voix) sur Daniel Ortega, qui, prenant acte de sa défaite. Succédant à l'embargo américain, une politique économique libérale d'ajustements structurels est mise en œuvre, supervisée par le FMI et la Banque mondiale.
Arnoldo Alemán (conservateur, ancien somoziste) remporte l’élection présidentielle de 1996 contre Daniel Ortega. Alemán poursuit une politique néolibérale. En 1998, la stabilité économique du Nicaragua est fortement ébranlée, lorsque l'ouragan Mitch dévaste une bonne partie du pays. En fin de mandat, de forts soupçons de corruption pèsent sur Arnoldo Alemán. Il sera condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds en 2003. Enrique Bolaños, ancien vice-président d' Arnoldo Alemán, accède à la présidence en 2002 grâce à une campagne « anticorruption ».
Ré-élection de Daniel Ortega :
En novembre 2006, après avoir publiquement déclaré avoir renoncé au marxisme-léninisme et s'être rapproché de l'Église catholique romaine, Daniel Ortega est élu président. Il prend ses fonctions le 10 janvier 2007 et choisit comme vice-président un ancien Contras. Il est, le 6 novembre 2011, encore une fois élu président.
très instructif.